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Ulik au pays du désordre amoureux

Un roman d’apprentissage joyeux et iconoclaste

« Mais comment arrivent-ils encore à s’aimer ? » se demande Ulik, un jeune esquimau, effaré par ce qu’il découvre des relations entre les hommes et les femmes en Occident. Les femmes semblent pouvoir se passer des hommes, beaucoup vivent seules, et les hommes ont l’air de ne plus les comprendre. Que de choses inconcevables dans sa tribu !

« Vous, vous avez encore un système d’échange entre hommes et femmes, nous, nous avons un peu perdu le nôtre » lui déclare son nouvel ami psychiatre, lui-même désorienté dans sa vie sentimentale.

Heureusement, grâce à la rencontre de plusieurs femmes émues par sa sincérité et son regard neuf, Ulik va découvrir que malgré les apparences, les lois de l’amour sont éternelles.

Ulik se retrouve à Paris comme représentant de sa tribu, classée patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Complètement dépaysé, Ulik découvre de son œil neuf nos mœurs étranges, et surtout nos rapports entre hommes et femmes, avec toutes les solitudes qui en résultent.

Tel Ulysse, Ulik veut toujours revenir dans son île retrouver la belle Navaranava, mais tel Ulysse, il n’y parvient jamais, naviguant de femme en femme, de la chef d’entreprise à l’assistante, de la journaliste à l’étudiante. Car elles l’apprécient toutes, à commencer par la charmante Marie-Alix, son accompagnatrice divorcée, qui avait pourtant appris à vivre sans homme.

En France plus de 7,4 millions de personnes vivent seules, dont 4,4 millions de femmes. Qui sont ces femmes autonomes ? Majoritairement elles affirment être célibataires par choix ou à cause d’un échec sentimental, sans compter toutes celles qui vivent en couple mais rêvent de retrouver leur liberté.

François Lelord va, dans ce conte moderne, à la rencontre de ces femmes dans leurs premiers pas de solitude ou dans leurs habitudes de célibataires.

Y a-t-il différentes manières de vivre la solitude ? Les femmes et les hommes la revendiquent ou la regrettent.

Interview de l’auteur

Sur l’écriture même, par rapport à votre dérive de l’essai à la fiction, qu’est-ce qui s’est déclenché en vous, qui vous a permis de partir d’ouvrages théoriques, et d’aller vers des ouvrages plus fictionnels comme Hector et aujourd’hui Ulik…

J’ai toujours eu un goût pour la fiction et l’envie d’écrire des romans, mais je ne m’en suis pas donné la permission tout de suite, et comme j’avais une expérience professionnelle qui pouvait d’abord se convertir en traité ou en essai, il a fallu que j’épuise cette voie-là pour me sentir peut-être libre d’aborder certains sujets sous la forme de fiction. De plus, les sujets comme le bonheur pour Hector, comme l’amour pour Ulik, me paraissent plus inspirants à la fois pour celui qui écrit et pour celui qui lit, quand ils sont traités sous forme d’un roman, d’un conte.

Il y a une plus grande liberté à partir dans la fiction ?

Oui, au fond écrire de la fiction c’est rêver. Et rêver c’est un état heureux, un état de bonheur, en tout cas pour moi. Si je peux faire partager ce rêve éveillé à des lecteurs, les faire rêver et déclencher chez eux d’autres envies, d’autres idées, j’en serais doublement heureux.

Qu’est-ce que vous aimeriez provoquer d’autre chez les lecteurs ?

Qu’ils aiment les personnages, qu’ils soient émus ; créer des émotions chez son lecteur, que rêver de plus quand on écrit un roman ? Et puis j’espère aussi que cela l’amènera à réaliser combien l’amour entre les hommes et les femmes est devenu aujourd’hui quelque chose d’un peu dérégulé, comme le marché. Les générations d’avant disposaient d’un système qui n’était pas idéal, le système d’échange ancien, comme le dit mon Inuit, entre les hommes et les femmes ; ce système a été mis en pièces, parce que la société a évolué pour quantité de raisons. Aujourd’hui les hommes et les femmes continuent de s’aimer parce que ce sentiment est éternel, mais on ne sait plus très bien quelles sont les règles de l’amour, du couple, on s’en invente, on s’entend entre homme et femme par brefs moments, et à d’autres on se désaccorde complètement. Je pense que beaucoup de gens se sentent désemparés, et beaucoup se retrouvent seuls.

Vous avez écrit ce livre pour nous déculpabiliser ?

Oui, absolument. L’effarement de mon Esquimau devant les nouvelles règles entre hommes et femmes en Occident, ou plutôt l’absence de règles entre hommes et femmes, montre bien que si beaucoup d’entre nous n’arrivent plus à former des couples ou à rester en couple, ce n’est pas simplement du fait de leur responsabilité, mais c’est parce que la société actuellement ne rend pas cela très facile et très clair.

Et à la fois il faut transformer la société. C’est dans l’action de chacun…

En même temps, elle se transforme souvent par des voies complètement inattendues ! Par exemple, qui aurait dit que le travail et l’éducation des femmes allaient bouleverser à ce point le rapport entre les sexes ? Je ne sais pas comment la société se transformera, mais ce que je pense en revanche, c’est que plus les gens auront conscience dans leur vie de ces difficultés et se soucieront des règles éducatives à donner à leurs enfants, puisqu’il faut aussi préserver l’avenir de nos enfants, plus on peut penser qu’on évitera quelques errances.

Vous qui avez beaucoup pratiqué en tant que psychiatre, est-ce que vous croyez justement dans l’amélioration du quotidien, est-ce qu’on peut dire qu’un bon livre peut être un peu comme une consultation chez un psy, est-ce qu’un livre a un effet apaisant ou un effet constructif ?

J’espère déjà que ce livre procurera un moment de bonheur à ceux qui le liront. S’il peut aussi les aider à réfléchir à leur situation, à relativiser un peu leurs problèmes amoureux, juste en voyant qu’ils ne sont pas les seuls ― mon esquimau n’arrête pas de rencontrer des femmes et des hommes complètement désorientés dans le domaine amoureux ―, cela peut également leur rappeler des expériences personnelles et assez typiques de ce qui se passe aujourd’hui. Et puis, s’il peut leur donner de l’espoir, que ce soit pour relativiser leur situation et accepter qu’on vive une période troublée et qu’au fond il faut s’y s’adapter sans se désespérer, ou alors leur donner l’espoir d’arriver peut-être à retrouver une situation amoureuse plus stable pour ceux qui la souhaitent ou qui la regrettent.

Quand vous faisiez vos consultations, vous ne voyiez que des personnes qui souffraient, pas les gens les plus heureux. Est-ce que cela n’est pas justement une vision un peu déformée ?

C’est vrai, mais heureusement dans mon entourage, dans ma vie, je connais aussi des couples très heureux, des gens qui, malgré la difficulté, les changements de règles, les incertitudes, ont réussi à construire des couples et des familles, assez harmonieuses et sans frustrations excessives.

C’est aussi un des thèmes principaux du livre : réapprendre la frustration, dans une société où les gens ont du mal à accepter cette idée.

On a été élevés, en tout cas pour ma génération, on peut parler de l’effet 68, mais ça remonte à avant, dans l’idée que pour s’épanouir il fallait se débarrasser de toute frustration, qu’il y avait une sorte de bonheur idéal qui était l’absence de frustration. Or, la vie en couple, le mariage, élever des enfants, tout cela suppose des frustrations. Et je pense que si on nous élève trop à ne pas supporter les frustrations quand on est enfant, il y a un risque qu’après on ne supporte plus les frustrations de rester fidèle, de rester marié, de s’occuper des enfants et que chacun se mette à chercher un idéal de bonheur, y compris amoureux, en l’imaginant complètement exempt, pur, de toute frustration. Ce qui est évidemment impossible. En tout cas ce qui est peut-être possible pendant les premiers jours, les premières semaines d’une passion. Mais la passion ne suffit pas pour fonder une famille !

Dans le livre, Ulik est le représentant d’une civilisation traditionnelle de chasseur, presque 99 % de l’humanité est construite sur ce même système, c’est un peu le monde ancien que notre civilisation a quitté il n’y a pas très longtemps, est-ce qu’il n’y a pas un danger, à la lecture de ce livre, à penser que vous avez envie de prôner un retour à ce système ancien ?

Je pense effectivement que ce livre m’expose au danger d’être accusé d’être réactionnaire ou machiste, mais ce serait une erreur. Certes je décris bien que toute l’histoire de l’humanité a vécu avec des sociétés où les rôles des hommes et des femmes étaient clairement définis et différents, et que depuis une période toute récente de l’humanité, et d’ailleurs dans le monde occidental, pas dans le monde entier, on est dans une société où les rôles des hommes et des femmes sont de plus en plus semblables. Nous ne sommes pas préparés à ça psychologiquement, pas complètement fabriqués pour cela, donc cela nous occasionne un certain nombre de troubles qu’on peut voir aussi bien dans le nombre de gens seuls, dans le nombre de divorces, le nombre de suicides chez les adolescents, un certain nombre de choses qui montrent qu’on est dans une transition un peu chaotique. Mais cela ne veut pas dire pour autant que je crois que le système à l’ancienne était merveilleux. Parce qu’il entretenait aussi beaucoup de frustrations, de souffrances, d’incompréhension, comme on peut le lire dans les ouvrages de nos grands romanciers des siècles précédents. Je n’idéalise pas le système à l’ancienne, mais en tout cas il était stable, on avait trouvé des règles, « chacun savait ce qu’il avait à faire » comme le dit mon héros. Aujourd’hui on vit en plein changement de règles, en pleine instabilité, donc c’est une période un peu douloureuse. De toute façon, impossible de revenir au système à l’ancienne, puisque nous avons d’autres attentes de la vie, on veut des vies plus intenses, plus riches de possibilités.

Sommes-nous dans une vie qui a plus de relief ?

Nous sommes dans des vies, en tout cas sentimentales, plus intenses. Auparavant, nous avions des vies plus monotones, et plus sûres, avec moins d’extases, mais moins de hauts et de bas. Aujourd’hui, notre vie est plus intense, mais beaucoup plus incertaine en tout cas sur le plan des liens affectifs.

Par conséquent, on peut imaginer qu’il faudra beaucoup de temps avant de retrouver un nouveau système stable ?

C’est difficile à prévoir, mais après tout, l’espèce humaine s’est quand même adaptée à beaucoup de bouleversements, donc on ne voit pas pourquoi elle ne s’adapterait pas aussi à celui-là. Je fais confiance aux femmes… Je fais confiance aux femmes pour tourner la situation à leur avantage ! ( rires).

Justement, les médias nous parlent soit de séduction, de tentation, soit de solitude et de son acceptation…

Ce qui est amusant c’est qu’aucune de ces deux approches ne dit « vivez heureux avec quelqu’un ». C’est soit : « vivez des existences passionnelles, hédonistes, même si ça ne dure qu’une nuit », soit : « n’ayez besoin de personne », qui est d’ailleurs le titre d’un livre écrit par une des héroïnes de mon roman. Comme si construire un couple heureux n’était plus un objectif valorisant ! Par contraste, cela me fait penser à la princesse de Clèves, à qui sa mère explique que le seul vrai bonheur d’une femme « c’est d’aimer son mari et d’en être aimée… »

Donc l’amour est possible ? Vous y croyez encore ?

Oui, absolument, j’y crois. Même si, à notre époque, le faire durer peut être aussi difficile que construire un igloo pendant une tempête de neige.

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la presse en parle

« Un conte moderne amusant, riche et tendre, par l’un de nos psys favoris. »
Top Santé

« Une réflexion sur la liberté et la solitude, dans un pays où 7,4 millions de personnes vivent seules. »
La Dépêche du Midi

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