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Egypte, l’ultime espoir
La vie héroïque du grand prêtre Pétosiris

« Vous qui vivez actuellement sur terre, venez vers ma demeure d’éternité.  Je vous guiderai sur le chemin de vie. »  Inscription du tombeau de Pétosiris

324 avant J.-C. L’Égypte est occupée par les Perses, envahisseurs rusés et cruels déterminés à détruire la civilisation des pharaons. Mais une ville, Hermopolis, la cité de Thot, dieu des savants et des scribes, refuse de céder.

À sa tête, le grand prêtre Pétosiris, et son épouse, Année-Heureuse. Le couple, connu et respecté de tous les égyptiens, organise une armée des ombres. Avec son réseau de résistants, un soulèvement est envisagé, préludant à celui du pays entier.

Dans ce combat terrible, Pétosiris et Année-Heureuse sont décidés à aller jusqu’au bout. Mieux vaut mourir que de vivre en esclaves… Mais si un miracle se produisait ? Un miracle nommé Alexandre le Grand qui redonnerait enfin à l’Égypte paix et liberté…

L’incroyable destin d’un grand prêtre devenu un combattant

Trahisons, ruses, complots, un thriller haletant au cœur de l’Égypte antique 

Interview de l’auteur

Après avoir dépeint la grande époque égyptienne, c’est une Égypte occupée et soumise à la cruauté des envahisseurs perses que vous décrivez dans votre nouveau roman. Pourquoi avoir choisi cette période ?

Du point de vue historique, c’est une période à la fois dramatique et fascinante. Dramatique, car le temps des dynasties est à jamais révolu. Il n’existe plus de pharaon, ce sont des Perses, les ancêtres des Iraniens, qui gouvernent l’Égypte d’une poigne de fer. Leur occupation est dévastatrice et cruelle. Fascinante, car l’esprit d’indépendance anime encore quelques cités, comme Hermopolis, celle du grand prêtre Pétosiris.

Quelques résistants veulent encore croire à une possibilité de libération, même si rien ne leur laisse supposer. On songe au film de Melville, L’Armée des ombres.

La profonde spiritualité de l’Égypte pharaonique n’est pas morte. C’est elle qui soutient les résistants, et les textes du magnifique tombeau de Pétosiris sont révélateurs de leurs convictions, nourries d’un héritage millénaire.

Nous assistons à un affrontement entre une civilisation fondée sur la Connaissance et la lumière et une barbarie qui s’appuie sur la violence et la tyrannie.

Toutes les valeurs de cette civilisation sont encore présentes dans quelques âmes, dont celle de Pétosiris, et c’est à ces âmes-là que j’ai consacré ce roman.

 

Qui est donc ce grand prêtre Pétosiris, et quel rôle va-t-il jouer ?

Pétosiris signifie « le don d’Osiris ». En tant que grand prêtre d’Hermopolis, il est le premier serviteur du dieu Thot, patron des scribes et des savants, maître de la Connaissance. Il enseigne les formules de transformation en lumière qui permettent à ceux qui l’écoutent de lutter contre le malheur en pratiquant la rectitude.

À Hermopolis se dressait un grand temple de Thot, aussi majestueux que Karnak. Il contenait d’immenses richesses, convoitées par les Perses.

En tant que grand prêtre, Pétosiris était le chef spirituel d’une confrérie de ritualistes, mais aussi un administrateur de terres agricoles, de troupeaux, de greniers. Il était donc le personnage central de la cité et l’interlocuteur obligé des occupants perses.

Fermement décidé à entreprendre une guerre souterraine menant à une libération, Pétosiris doit cependant composer avec les Perses, de manière qu’ils ne se doutent pas de son véritable rôle.

Nous sommes en présence d’un héros de légende, à la fois maître spirituel et homme d’action, dont l’histoire méritait d’être contée.

 

Pétosiris a un statut proche de celui des princes, c’est un haut dignitaire. Quelle était alors la hiérarchie chez les prêtres ?

Tout au long de la civilisation égyptienne, la hiérarchie de ceux que nous nommons, à tort, des « prêtres », n’a pas varié. Ils ne s’adressaient pas à des croyants, n’avaient personne à endoctriner ni à convertir. Ils étaient, en réalité, des ritualistes, préoccupés d’entretenir l’énergie créatrice, dans une sorte de laboratoire réservé à des spécialistes, le temple.

Trois catégories de ritualistes, hommes et femmes : les « purs », à savoir ceux et celles qui sont purifiés avant d’entrer dans l’enceinte du temple et qui s’occupent des tâches matérielles, pendant des périodes plus ou moins longues ; à l’échelon supérieur, des ritualistes qui participent aux nombreuses cérémonies organisées pendant l’années ; enfin, « les serviteurs de Dieu », comme Pétosiris, en petit nombre, qui ont accès aux mystères (notamment la résurrection d’Osiris) et peuvent célébrer le rite majeur, celui du matin, pour faire renaître la lumière, victorieuse des ténèbres. Ce fut exactement le rôle que joua Pétosiris.

 

Le couple que Pétosiris forme avec son épouse, Année-heureuse, montre une fois de plus l’importance de place accordée aux femmes dans la société égyptienne…

L’épouse de Pétosiris, Année-Heureuse, a réellement existé, et son mari en fit un vibrant et émouvant éloge dans les textes de son tombeau. Ils formèrent un couple uni, dans le bonheur comme dans le malheur, et se montrèrent d’un courage à toute épreuve face à l’adversité, qu’il s’agisse de la maladie incurable de leur jeune fils ou des cruautés de l’occupant perse.

Comme d’autres femmes égyptiennes, Année-Heureuse exerça des fonctions sacrées et administratives de première importance. Au temple, elle dirigeait un collège de ritualistes féminines, notamment des musiciennes et des chanteuses. Elle était l’âme de sa ville, et chaque habitant pouvait s’adresser à elle pour tenter de résoudre un problème plus ou moins grave. Année-Heureuse est, sans nul doute, l’une des plus remarquables figures féminines de l’Égypte ancienne. Prenant modèle sur les grandes épouses royales, elle joua un rôle majeur dans l’organisation de la résistance contre les Perses.

 

Quelle forme la résistance orchestrée par Pétosiris a-t-elle prise ? Quels en ont été les principaux faits d’armes ?

Pétosiris a organisé un réseau de résistance souterrain, dans des conditions particulièrement difficiles. Il comprenait des hommes et des femmes issus de différentes couches de la société, depuis une femme d’affaires très riche jusqu’à une simple boulangère dont le mari avait été exécuté.

Comme sous toute occupation, il y eut des lâches, des passifs, des collaborateurs, mais aussi des êtres résolus, au péril de leur vie, à lutter pour redevenir libres.

Dans son ensemble, la population supportait très mal l’occupation perse qui visait à détruire une culture millénaire et à imposer une dictature militaire.

Le projet de Pétosiris : libérer d’abord sa propre ville, de manière à provoquer le soulèvement de la capitale du sud de l’Égypte, Thèbes, avec le concours des prêtres de Karnak. Encore fallait-il neutraliser la tête pensante des occupants dans cette région et leur principal exécutant des basses-œuvres.

Certes, le réseau de Pétosiris acquiert de petites victoires, mais il ignore qu’au moment décisif, celui de la reprise en main de sa cité par une petite armée de libérateurs, il sera trahi par l’un de ses proches, collaborateur au service des Perses.

Tout semble alors terminé. Mais l’un des résistants, un facteur, apprend que la censure perse a occulté les victoires d’Alexandre le Grand, qui s’intéresse beaucoup à l’Égypte. L’un de ses généraux, Ptolémée, se dirige vers le Delta avec l’intention d’écraser les Perses. Au réseau de Pétosiris, très affaibli, de tenir jusqu’à l’arrivée de ces libérateurs inattendus.

  

Pétosiris a été à la fois un combattant et un grand sage. Peut-on dire qu’il a été pour les Égyptiens un héros populaire ?

Pendant leur longue histoire – plus de trois millénaires – les anciens Égyptiens ont apprécié les hommes courageux qui ont su défendre leur pays, par exemple Sésostris ou Ramsès II. On peut aussi citer la Jeanne d’Arc égyptienne, Iâh-Hotep, qui chassa les premiers envahisseurs de l’Egypte, les Hyksôs, et dont j’ai raconté l’aventure dans La reine Liberté (XO). Ces personnages historiques devinrent des héros de légende, célébrés dans les textes, soit sur les parois des temples, soit dans des romans qui leur donnèrent une grande popularité.

Pétosiris s’inscrit dans la lignée de ces héros, formés par des sages, disposant de vastes connaissances, dotés d’un caractère déterminé, exerçant de hautes responsabilités, et prêts à se battre pour la liberté de l’Égypte et de son peuple. En forme de petit temple, le tombeau de Pétosiris, sa « demeure d’éternité », bâti à Hermopolis, est tout à fait étonnant. À l’extérieur, des scènes figurent travaux des champs et activités artisanales, mais dans un style grec. À l’intérieur, en revanche, les scènes rituelles, notamment les étapes de la résurrection, sont purement égyptiennes. Quant aux textes, ils nous renseignent sur la famille de Pétosiris et ses actions. Au nombre de celles-ci, la remise en état du jardin des dieux, souillé par les Perses.

 

Pour l’Égypte, l’arrivée prochaine d’Alexandre le Grand signe-t-elle le retour à la paix et à la prospérité ?

Alexandre le Grand, pour s’attirer la sympathie du peuple égyptien, se fit couronner pharaon. Il fut inhumé dans la capitale qu’il avait fondée, Alexandrie. Lui succéda le général Ptolémée, qui fonda une dynastie de souverains grecs, dite « ptolémaïque ».

Depuis plusieurs siècles, il y avait des contacts entre l’Égypte et le monde grec. Des Grecs s’étaient installés en Égypte, notamment comme commerçants, et des mercenaires grecs avaient servi dans l’armée égyptienne.

Cette nouvelle occupation, même si elle n’eut pas que de bons côtés, fut moins dure que celle des Perses.

L’Égypte avait retrouvé la paix, mais pas l’indépendance. Des grands prêtres, comme Pétosiris, passèrent une sorte de contrat avec les rois grecs : ces derniers exerçaient le gouvernement temporel (administration, armée…) tout en autorisant les Égyptiens à construire des temples et à les gérer. Une extraordinaire floraison se produisit : Dendera, Edfou, Kom Ombo, Philae, notamment, furent alors édifiés et suscitent encore aujourd’hui l’admiration des visiteurs. Les richesses de l’Égypte furent en majeure partie captées par les Grecs, et le peuple égyptien ne retrouvera pas sa prospérité d’antan. Mais, grâce aux temples, la spiritualité égyptienne fut transmise à la fois par les textes et l’iconographie.

La « greffe » grecque ne prit pas, et l’originalité égyptienne perdura jusqu’à l’extinction de sa civilisation.

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