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Une histoire de la Première Guerre mondiale
Tome 2 : 1918, la terrible victoire

1918. Paris est en liesse. Les troupes s’apprêtent à défiler sur les Champs-Élysées pour célébrer la Victoire.

Après l’armistice du 11 novembre 1918, cinq terribles années de guerre se clôturent enfin, cinq années qui ont vu l’apparition des armes chimiques, la généralisation des bombardements, l’enlisement des armées. Et qui ont fait dix millions de morts…

Depuis août 1914, que le chemin fut long pour entrevoir cette paix ! Alors que la guerre semblait sans issue, que politiques et généraux se disputaient pouvoir et décisions, un homme avait foi en la vaillance des soldats, au nom d’une certaine France, au nom de la République. Cet homme, c’était Clemenceau.

Mais si le traité de Versailles de 1919 a ouvert sur un monde nouveau, les frustrations et les vengeances trouveront un terreau qui nourrira le XXe siècle. Les espoirs déçus des anciens combattants, les vies brisées feront le lit des fascismes. les sociétés déstabilisées, les frontières contestées, les empires désagrégés seront la proie d’une crise sans précédent.

La Deuxième Guerre mondiale succédera à la « der des der ».

Interview de l’auteur

Avec 1914, vous avez entamé une histoire de la Première Guerre mondiale que vous concluez avec ce tome intitulé 1918. Pourquoi avoir choisi de la scinder autour de ces deux années ?

1914 et 1918 sont deux années cruciales, le nœud de la guerre. C’est à ce moment que s’est joué le destin du XXe siècle, c’est d’ailleurs pourquoi j’ai intitulé ce premier tome Le Destin du monde. Quant à 1918, je l’ai intitulé La terrible victoire en référence à un mot de Clemenceau : « terrible ». Car si la victoire de la France est bien une victoire militaire – c’est un point sur lequel Clemenceau et les militaires insistent beaucoup – cette victoire est terrible, car il y a plus de 1 350 000 de tués et 3 millions de blessés, dont certains ne retrouveront jamais leurs capacités d’avant. Ces deux années sont donc pour moi les deux piliers de cette histoire de la Grande Guerre.

En 1914, on pensait, on espérait une guerre rapide. Or, près de quatre ans plus tard, les belligérants peinent à sortir d’un conflit qui s’est étendu au monde entier…

En effet, dès 1914, on est étonné par la forme que prend cette guerre : l’enlisement, les tranchées, la projection de millions d’obus et l’emploi d’armes de destruction massive, les armes chimiques… En 1918, on veut en finir parce que l’horreur défigure la vie depuis quatre ans. L’horreur de la guerre est telle que nombreux sont ceux pensant qu’il faut la terminer au plus vite. Je songe aux discours du pape, mais aussi aux écrivains réfugiés en Suisse qui appellent à la raison. Pourtant ils ne sont pas entendus par l’opinion.
Paradoxalement en effet, cette horreur est trop grande pour arrêter de combattre, sinon l’intensité de sa violence, tous ces camarades tombés, tout ce que les soldats ont vécu, tout cela n’aurait servi à rien. La guerre nourrit la guerre. Il faut un gagnant et un perdant. Il faut battre l’adversaire.

Des classes d’âge entières, comme celle de 1913, sont sacrifiées. Comment expliquer que les hommes aient pu tenir ?

Le sentiment d’être des sacrifiés est prégnant. Par exemple, lorsque les poilus ont une permission – et ils ont des permissions – ils doivent traverser Paris pour prendre leur train les amenant chez eux. Or c’est toujours une épreuve pour eux d’observer la vie quotidienne des « embusqués ». Car même si les passants portent des vêtements de deuil, même si la tristesse s’affiche sur leur visage, même si les brassards noirs témoignent du deuil dans les familles, la vie continue. Eux vont au front, ils affrontent les gaz, la violence toujours plus forte, et ils meurent. Comment ne pas conclure que les hommes politiques se désintéressent d’eux, qu’ils les sacrifient délibérément ? C’est pourquoi le Président de la République Raymond Poincaré est souvent critiqué, caricaturé. Clemenceau lui-même, qui arrive au pouvoir en 1917, est représenté dans des caricatures anonymes avec une tête de mort, comme un vieillard qui envoie les jeunes se faire tuer.

Pourtant, si ce sentiment d’être sacrifié existe, il ne faut pas oublier le patriotisme. Il ne faut pas oublier que, pour ce qui est des Français, la guerre se déroule sur leur sol. Les fantassins sont souvent d’origine paysanne, ils défendent leur terre, leur manière de vivre. C’est en partie pour cela qu’il n’y a pas eu de décomposition de l’armée en France. L’armée française était une armée citoyenne. Les soldats étaient passés par le moule de l’école républicaine, beaucoup avaient le certificat d’études. Les officiers de première ligne étaient souvent des instituteurs devenus adjudants, lieutenants, capitaines, ce qui permettait de créer une osmose avec les hommes qu’ils commandaient. Cela explique aussi la résistance et le refus finalement d’accepter de reculer.

Alors que la révolution éclate en Russie, 1917 est une année décisive. Quel est l’impact de la peur de la contagion révolutionnaire sur la guerre ?

La révolution russe a abouti à la sortie de la guerre de la Russie, car l’armée s’est décomposée. Lénine a en effet très vite compris que pour que la révolution gagne, la guerre devait s’arrêter et l’armée se dissoudre. Et c’est ce qui s’est produit. Ce n’était pas une armée citoyenne mais une armée d’ancien régime où les soldats étaient mal nourris, mal traités.

Or, à la pensée que cette révolution pouvait s’étendre, la peur a saisi l’Europe.

Pourtant, au début, les Allemands l’avaient considérée avec satisfaction parce que ça faisait un adversaire de moins, et non des moindres, en raison du nombre de Russes mobilisés. Mais très vite les Allemands ont craint que la contagion révolutionnaire ne s’étende à l’armée allemande et ce d’autant plus que sur le front français, il y eut des mutineries.

Ces mutineries furent durement réprimées : on compte près de 600 fusillés. Mais très vite l’état-major a, sans relâcher la discipline, procédé différemment : ils ont par exemple veillé au respect de l’égalité dans l’attribution des permissions comme du passage en première ligne. Les mutineries ont cessé et la guerre a continué. Les armées française, anglaise et allemande, au moins jusqu’en 1918, ont tenu face à la contagion révolutionnaire.

Vous réservez dans 1918 une place importante à Clemenceau et à son rôle déterminant dans l’achèvement de la guerre…

Clemenceau symbolise tout un aspect de la société française. Cet homme providentiel était attendu, on a fait appel à lui parce que précisément on ne pouvait pas terminer cette guerre. Lui a dit « il faut tenir jusqu’au dernier quart d’heure ».

Et il a été cet homme malgré son âge, malgré ses maladies, malgré les jalousies et la haine même qu’il suscitait. Il a réussi à reprendre le pays en mains et à symboliser la résistance, la victoire, surtout la victoire. Il est très important de s’intéresser à ce visage de Clemenceau.

Quel fut l’impact de la fin de la guerre sur les sociétés et le cours de l’histoire ?

Comme a dit Clemenceau, « Nous avons gagné la guerre, et non sans peine ; maintenant, il va falloir gagner la paix, et ça sera peut-être le plus difficile. » Je crois qu’il a eu raison car les Allemands ont ressenti avec beaucoup de souffrance le fait qu’on les déclarait coupables de la guerre. Et comme on les considérait coupables, on attendait qu’ils paient. Et ils paieront les réparations. Ils étaient d’autant plus révoltés par ce qu’ils considéraient comme un « Diktat » – du moins une partie parmi ceux qui avaient fait la guerre – qu’ils avaient le sentiment de ne pas avoir perdu militairement. En effet, au cours de l’été 1918, ils étaient encore à 60 km de Paris. Et comme la guerre s’était déroulée sur le sol français, ils n’ont pas connu les villages rasés, les forêts détruites. Ils n’ont donc pas l’impression d’avoir perdu la guerre.

Or à partir de 1919, les spartakistes, Rosa Luxembourg, veulent que la révolution se produise en Allemagne. La répression sera très dure. Face à eux, la contre-révolution se déchaîne en Allemagne, sur le terreau des frustrations que les Allemands ressentent après avoir pris connaissance des conditions du traité qu’on leur impose. Par fidélité envers l’Allemagne, envers ceux qui sont tombés, les nationalistes, les corps francs – ces anciens officiers partis se battre sur la frontière de l’est pour lutter contre les bolcheviques – vont se lancer dans un conflit entre les noirs et les rouges.

Pour accroître encore la difficulté de la situation, la société des nations – qui avait été créée pour être un lieu de diplomatie – a été immédiatement affaiblie.

Dès la fin de la guerre, on peut donc penser que, loin d’être la dernière guerre, la « der des der », une autre s’avance. Et elle avancera vite car dès les années 1930, avec l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933, on voit se mettre en place tous les éléments d’une confrontation.

Alors que le dernier poilu est mort et que l’on s’apprête à commémorer le déclenchement de la Première Guerre mondiale, celle-ci a-t-elle une place dans notre mémoire collective ?

Tout à fait. Chacun a connu ou a entendu parler d’un ancien combattant. La guerre est présente dans les romans, dans les films.

Surtout, tout le monde avait participé à la guerre. Ceux qui étaient à l’arrière y avaient malgré tout pris part par le biais de leur fils, de leur père, de leur mari au front. La guerre était partout présente. Chaque village a un monument aux morts avec une dizaine (ou plus) de morts de la guerre de 14-18. Cette guerre, « la Grande Guerre », a profondément marqué les gens.

Que ce soit en Allemagne ou en France, les anciens combattants sont devenus une force politique très importante. Et cette force politique a été porteuse de la mémoire collective.

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la presse en parle

“Max Gallo fait revivre ce conflit avec les talents de conteur qu’on lui connaît.”
Le Pèlerin

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