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La Conjuration de Jeanne

Et si Jeanne d’Arc n’était pas celle que l’on croyait…

Dimanche 20 mai 1436, alors que le doyen de l’église Saint-Thibault, à Metz, vient d’achever sa messe et qu’il bavarde avec ses ouailles, une nouvelle ahurissante se répand : Jeanne la Pucelle, l’héroïne qui a délivré Orléans, qui a fait sacrer Charles VII à Reims, ne serait pas morte brûlée par les Anglais à Rouen il y a à peine cinq ans… Elle vient de réapparaître du côté de Saint-Privat !

Ce n’est peut-être pas elle, mais alors pourquoi cette mascarade à laquelle personne, même à la Cour, n’oppose de démenti ?

Personne non plus ne s’est interrogé, à l’apogée de sa courte gloire, sur ce mystère qui a fait d’une petite paysanne un chef de guerre accompli, capable de bouter l’ennemi hors de France. A moins qu’il n’y ait pas eu mystère… mais conjuration.

Sous la plume révélatrice de Michel de Grèce, Jeanne n’a plus rien d’une bergère illettrée, elle est la fille naturelle d’un seigneur. Et dès son plus jeune âge, elle s’est montrée différente, volontaire, étrangement déterminée, comme ” habitée “… Elle a appris très tôt à lire et à écrire, à dompter les chevaux, à manier l’épée, à commander une armée, parce qu’elle avait été choisie pour devenir l’arme secrète de l’Eglise de France, en lutte contre la papauté. Mais sa foi, ses convictions étaient si profondes qu’elle a fini par se rebeller contre ceux qui l’avaient ” programmée “.

Elle en devient infiniment plus belle, plus grande, plus courageuse, plus humaine. Et au fil des pages de ce roman fabuleux qui bouscule les normes de l’Histoire, on en arrive, à force de preuves et de divulgations, à se demander : Et si c’était vrai ?

Interview de l’auteur

D’où vous est venue l’idée d’écrire un livre sur Jeanne d’Arc ?

Elle me fascine depuis trente ans… Nous avons tous appris dans nos livres d’histoire que Jeanne la bergère illettrée s’est levée un jour pour délivrer la France parce que ses ” voix ” le lui avaient demandé, mais que savons-nous d’elle, en fait ? Nous connaissons l’image d’Epinal, la sainte, nous ignorons tout de ce chef de guerre accompli, capable à dix-sept ans de libérer Orléans et de faire couronner Charles VII à Reims… Par quel miracle ? Je n’ai jamais cru à cette image… Cette fable n’a aucun sens ! Il suffit de lire son procès de condamnation, puis celui de sa réhabilitation, pour entrevoir une vérité bien différente. J’ai tout simplement cherché à comprendre… 

En dehors des minutes de ces deux procès, quels documents vous ont aidé dans vos recherches ?

Les documents authentiques la concernant sont fort peu nombreux. Quasiment toutes les informations proviennent des deux procès, dont il a été maintes fois dit qu’ils ont été abondamment trafiqués. S’y ajoutent quelques lettres de Jeanne elle-même, et des chroniques rédigées de son vivant ou peu après par des personnages plus ou moins proches de sa trajectoire, dont il faut également se méfier. Bref, ce qui existe sur elle est souvent incomplet, toujours insuffisant, et la plupart du temps volontairement travesti !

Comment avez-vous réussi alors à reconstruire l’histoire de Jeanne ?

A force de décortiquer ces mêmes écrits, d’user de bon sens pour démêler le vrai du faux, d’envisager ce qui n’est pas dit à partir de ce qui l’est, j’ai vu une histoire plausible et inédite se dégager de l’ombre. Et si le manque de sources a nécessité que je romance, lorsque j’ai bâti tel personnage ou que j’ai grossi le rôle de tel autre, lorsque j’ai composé une scène ou élaboré un enchaînement, j’ai cru moins inventer que retrouver une réalité perdue.

Mais vous avez voulu l’indication ” roman ” sur la couverture…

Oui, parce qu’il s’agit de ma version de l’épopée de Jeanne. Je ne peux rien prouver, même si les dates, les faits sont justes, même si la grande majorité des personnages entourant Jeanne a réellement existé. C’est un travail de déduction, donc de romancier… Je n’ai pas souhaité faire œuvre d’historien, j’ai voulu écrire le grand roman de Jeanne d’Arc, comme Alexandre Dumas que j’admire tant. J’ajoute que si je ne peux effectivement prouver que cette histoire est vraie, personne ne peut non plus prouver le contraire…

Première énigme donc dans ce livre : Jeanne ne serait pas fille de paysans ?

C’est en effet le premier point qui intrigue. Quoi que prétende la légende, les d’Arc n’étaient pas des paysans. Jacques d’Arc avait affermé, avec son ami le maire de Domrémy, une terre appartenant à la suzeraine du village, la dame de Joinville. Il possédait donc plus de biens qu’un simple laboureur. De reste, lors du premier procès, Jeanne a publiquement déclaré qu’elle n’avait jamais été bergère, réfutant ainsi l’un des points les plus tenaces du mythe.

On l’a dite aussi illettrée…

Pourtant elle lisait, écrivait, et parlait un français très convenable, alors que son entourage utilisait le patois lorrain. Et dès son départ de Domrémy, elle a fait preuve d’une maîtrise extraordinaire de l’équitation et du maniement des armes. Mieux encore, elle s’est révélée un chef de guerre hors pair. Donc, malgré le silence opaque de l’histoire officielle, il est évident qu’elle a reçu une éducation dès son jeune âge, et un entraînement intensif.

Cette éducation et cet entraînement auraient été donnés par qui ?

C’est là qu’intervient une autre explication, évidemment plus abstraite, de sa filiation. Elle a été choisie pour une mission. Choisie certes par Dieu et ses Voix, mais aussi choisie par des hommes qui ont veillé à son éducation, et qui ont préparé sa route. Comment, dans le cas contraire, cette jeune provinciale apparemment ignorée de tous aurait-elle pu parvenir à la Cour et avoir accès au roi ?

Qui sont ces hommes, que vous appelez ses ” protecteurs ” ?

Ceux qui se sont penchés sur les mystères de sa vie citent volontiers l’influence secrète de la reine de Sicile, Yolande d’Aragon, la belle-mère de Charles VII. Mais il y a d’autres protecteurs, dont la présence derrière elle se manifeste surtout de façon négative, car il est évident qu’après le sacre ils l’ont lâchée. Tout auparavant réussissait à Jeanne. Cette provinciale inconnue parvient à la Cour, gagne à ses vues le roi, obtient une armée, remporte victoire sur victoire, et parvient à faire sacrer le roi. Après le sacre, son histoire n’est plus qu’une succession d’échecs. Comme si on avait brusquement enlevé le principal pilier de l’échafaudage. Pourtant, la mission qu’elle-même s’était fixée était loin d’être achevée, car les Anglais occupaient toujours une grande partie de la France. Lui permettre d’achever de les chasser n’était donc pas le but de ceux qui l’avaient aidée jusque-là.

Revenons aux origines de Jeanne : comment a-t-elle été “choisie” ?

Il est notoire qu’au Moyen Âge des prélats de haut rang – à commencer par le pape Pie II (contemporain de Jeanne) – poursuivaient les grandes traditions de la connaissance antique dans les domaines de l’invisible. Or si leur science et les puissants moyens qu’elle leur fournissait les avaient conduits à distinguer Jeanne, c’est que l’identité de cette dernière leur était connue. Et la piste qu’ils ont suivie, aussi longue fût-elle, ne pouvait les avoir menés jusqu’à la fille d’un simple notable de province, tels les d’Arc. Elle s’était logiquement arrêtée sur un être proche d’eux par la naissance, autrement dit proche des cercles les plus fermés, les plus élevés du pouvoir. D’ailleurs, l’occultation de ses origines peut laisser supposer une bâtardise…

Elle serait donc la fille cachée d’un haut personnage, mais choisie dans quel but, si ce n’est pas pour libérer la France ?

En dehors de la guerre entre Français, Anglais et Bourguignons, il ne faut pas oublier un épisode fondamental, celui de la lutte féroce qui, parallèlement, déchire l’Eglise chrétienne. Les papes et les antipapes s’entre-déchirent. De cet imbroglio surnagent des noms d’ecclésiastiques qui sont presque tous issus de l’Université de Paris. Beaucoup d’entre eux jouent un rôle considérable dans l’histoire de Jeanne.

Si la progression triomphale de cette dernière s’arrête au sacre de Reims, en revanche, celle de Charles VII se poursuit. On peut alors soupçonner que c’est plus Charles VII que Jeanne qui intéresse ses mystérieux protecteurs. Jeanne fut suscitée pour le mettre en selle, d’abord par son activité concrète, et surtout pour le retentissement du symbole qu’elle représentait. Le rôle de la symbolique dans l’histoire de Jeanne d’Arc procède indiscutablement d’une pensée aussi profonde que novatrice pour l’époque, chez elle comme chez ses protecteurs. Ceux-ci, après qu’elle a transformé le roi perdant en roi vainqueur, n’ont plus besoin d’elle.

Elle tombe alors dans un piège, est arrêtée par les Bourguignons, qui la vendent aux Anglais. Et son procès commence…

A peine Jeanne faite prisonnière, l’Université de Paris la réclame pour la juger et la brûler au plus vite. A cet effet, l’Université désigne l’évêque Cauchon – sur qui elle croit pouvoir compter – pour mener ce procès, et exige qu’il se déroule à Paris afin de mieux en contrôler le déroulement. Mais on s’aperçoit rapidement que le rôle de l’évêque est équivoque… Aussitôt nommé, Cauchon s’arrange pour que le procès ait lieu à Rouen ! Viennent ensuite les bizarreries qui parsèment le procès, par exemple la célèbre scène de l’abjuration. Il fallait à tout prix qu’elle abjurât pour qu’il puisse la condamner, non pas au bûcher mais à la prison. Et abjuration il y eut… A ceci près que, ce jour-là, elle si vive, si rapide, paraît ne pas comprendre ce qu’on lui dit ni ce qu’on lui lit !

Étrange aussi la reprise le surlendemain de ses vêtements masculins, qui la rende relapse et constitue l’épisode le plus crucial du procès. L’a-t-elle fait de son plein gré, comme l’affirment certains, consciente de l’erreur qu’elle avait commise en abjurant, ou bien y a-t-elle été obligée par ses gardes anglais ? Beaucoup en profiteront pour accuser Cauchon de l’avoir forcée à abjurer afin de l’envoyer à la mort, mais on peut en douter car, le jour de l’exécution, il y a eu un évident cafouillage qui permet d’envisager une dernière tentative de l’évêque pour la sauver. Le long retard de l’arrivée de la condamnée reste inexplicable, les mesures pour dissimuler son visage ne se justifient pas. Et surtout, dès ce moment, les rumeurs se multiplient pour affirmer que l’on a brûlé une autre femme à la place de Jeanne.

D’où l’arrivée cinq ans plus tard de la fausse Jeanne ?

Les rumeurs sur un échange de dernier moment, et donc sur la survie de Jeanne, ouvraient effectivement la porte à la fameuse dame des Armoises. C’était une supercherie, bien sûr, mais si une foule de gens a cru voir Jeanne, c’est bien parce que des motifs puissants et souterrains le dictaient. Qui pouvait avoir intérêt à prétendre que la Pucelle avait survécu, sinon Charles VII et ses favoris ? Dès sa capture à Compiègne, ces derniers avaient tout tenté pour minimiser l’affaire alors que la France entière pleurait sur ses souffrances. Le seul moyen de se dédouaner de l’avoir abandonnée était de prouver qu’elle n’était pas morte ! Le temps passant, la dame des Armoises ayant disparu, on passa d’un extrême à l’autre. Après s’être réjoui de la survie de Jeanne, on se lamenta sur son martyre à Rouen… Et Charles VII ayant lui-même lancé cette opération visant à rendre justice à sa championne, on pouvait enfin croire à sa reconnaissance. D’où l’organisation du procès de réhabilitation, qui ne servait qu’à sa propre gloire.

En définitive, qui était Jeanne d’Arc ?

Jeanne, malgré la façon dont on l’a présentée, n’a jamais été l’instrument aveugle de ses protecteurs ni de ses Voix, ni la victime de son destin. Ses Voix l’ont guidée, certes, et ses protecteurs ont écarté pendant un temps les écueils de son chemin. Mais en définitive, c’est elle, et elle seule, qui a fabriqué son épopée et qui a choisi la voie du martyre, car elle possédait la force de caractère, l’endurance, la liberté d’esprit, le courage et la foi poussés à un degré inouï.

L’histoire de Jeanne d’Arc mêle un cas d’inspiration divine, une conjuration politique organisée par un groupe occulte, et un être d’une dimension quasi surhumaine qui en font l’un des plus merveilleux personnages de l’histoire de France.

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la presse en parle

« Son récit passionne par l’intensité du rythme, les dialogues, les cadrage. Le livre vit, rebondit, tourne parfois au thriller médiéval. On ne le lâche pas. »
Nice-Matin

« Salutaire »
Oh la !

« Quittant les chemins de l’Histoire officielle, Michel de Grèce nous emmène bien vite dans une épopée haletante. »
Madame Figaro

« Michel de Grèce déchire l’image d’Épinal pour livrer sa propre version de l’histoire de Jeanne D’Arc. »
Le Figaro

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  • Espagne : Martinez Roca (Planeta)
    Portugal : Bertrand Editora

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