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La Grande Course

« Il fait - 40°C et il est 11 heures.
Encore six minutes, et c’est à nous.
— Du calme, les chiens !
Il va falloir maîtriser cette incroyable énergie,
celle de quatorze boules de muscles… »

Nicolas Vanier lâche son attelage. Devant lui, un défi immense : la Yukon Quest, la course de traîneau à chiens la plus difficile au monde. 1 600 kilomètres entre le Canada et l’Alaska, le long de la route de la ruée vers l’or. Des températures glaciales qui dépassent les - 50 degrés. Des vents qui vous renversent au premier relâchement. Un parcours accidenté exténuant.

Avec ses chiens, Miwook, Burka, Quest…, la fusion est totale. Très vite, pourtant, Nicolas Vanier, épuisé par le froid et l’absence de sommeil, doit aussi se séparer de cinq de ses compagnons. il pense même abandonner. Mais sa rage est plus forte !

Onze jours plus tard, l’aventurier entre dans le cercle très fermé des plus grands « mushers » du monde.

Cet exploit, Nicolas Vanier le dédie à ses chiens, les vrais héros, selon lui, de cette aventure extrême.

Après L’Odyssée blanche (1998), L’Odyssée sibérienne (2005) et  Avec mes chiens, L’Odyssée sauvage  (2014), Nicolas Vanier revient avec un grand récit d’aventure.

Interview de l’auteur

Vous racontez ici la course de traîneau à chiens à laquelle vous avez participé pendant l’hiver 2015 : la Yukon Quest. Pouvez-vous nous parler de cette course ?

C’est le « Vendée Globe » des mushers, la course longue distance jugée la plus difficile au monde à laquelle participent les  meilleurs. Une course de 1600 kilomètres avec des étapes de plus de 300 kilomètres d’un check-point à un autre, plusieurs montagnes à franchir, de grands espaces de taïga et de toundra, des fleuves gelés, des lacs… C’est là où s’affrontent chaque année les meilleurs mushers du monde qui sont tous, aujourd’hui, des professionnels entraînant jusqu’à cent, deux cents chiens pour sélectionner les 14 meilleurs.

Dans quel état d’esprit avez-vous entrepris cette course ? Sachant que vous concourriez contre les plus grands mushers, quel était votre objectif ?

Je me suis présenté au départ de cette course avec humilité, sachant combien j’avais à apprendre et combien il était difficile d’arriver déjà jusqu’au bout. Mais je savais aussi que mes chiens étaient au niveau, très bien préparés depuis deux ans pendant lesquels nous avons travaillé vers et pour cet objectif. Nous formons une belle équipe et je connaissais nos atouts et nos faiblesses. Mon rêve avoué à la veille du départ était de finir dans ce qu’on appelle le top ten.

En quoi cette aventure a-t-elle été très différente de vos récits précédents ?

C’est une course, une compétition. Il ne faut pas simplement avancer par – 50°C, mais il faut aussi aller mieux et plus vite que l’autre ou, du moins, tenter de le faire avec tout ce que cela implique de maîtrise des chiens et de tous les éléments. À raison de deux heures de sommeil en moyenne par 24 heures durant 10 jours, inutile de dire que la lucidité est altérée, parfois dangereusement. Mais lorsqu’on avance bien, que les chiens sont en forme, quel plaisir aussi !

Vous avez fait face à des conditions extrêmes (des températures jusqu’à – 50°C, très peu de sommeil, des chiens blessés…), sans compter un épisode où vous avez perdu connaissance et qui aurait pu vous être fatal. Qu’est-ce qui vous a permis de continuer ?

L’une de mes qualités (parmi mes nombreux défauts), est l’opiniâtreté. Je ne lâche pas… ou rarement. Tant qu’il y a encore un peu d’espoir, je continue. C’est ce que j’ai fait alors que tout allait au plus mal pour nous au départ. Personne n’imaginait que j’arriverais ne serait-ce qu’au milieu de la course et puis, petit à petit, les chiens et moi avons trouvé notre rythme pour finir en fanfare puisque nous étions l’attelage le plus rapide. Cette histoire est un roman en soi.

Pouvez-vous nous parler de vos chiens ? L’attelage paraît fondamental dans cette compétition. Comment l’avez-vous choisi ? 

Je ne l’ai pas choisi ! Ce sont mes quatorze chiens, point. Je n’avais pas, comme la plupart de mes concurrents, un « stock » de plusieurs dizaines de chiens à entraîner pour sélectionner l’attelage idéal, celui constitué des meilleurs. Ces chiens, ce sont les miens. Ils sont nés chez moi et ont grandi avec moi. C’est avec eux que j’ai traversé la Chine, la Mongolie et la Sibérie l’hiver dernier, ce qui était, de fait, un sacré entraînement qui nous a drôlement soudés, les chiens et moi. C’est une famille, et ils avaient en eux une force peu commune, née sans doute de cette particularité. Ils sont nés, ont été élevés et entraînés ensemble.

On mesure ici à quel point vous et vos chiens êtes interdépendants. Est-ce que cette épreuve a changé quelque chose dans la relation que vous avez avec eux ? 

Il faut leur parler beaucoup, tout le temps. Les chiens ne comprennent pas les mots mais ils saisissent le sens de ce qu’on leur raconte et ils aiment le chant de la voix, ça leur donne la pêche, de la joie de vivre et de courir. J’ai beaucoup ri avec les chiens, énormément, à en être ridicule, mais les chiens aimaient ça. Cela ôte du stress, dédramatise, donne du tonus.

Quels sont vos projets maintenant ?

Chaque année, deux épreuves longue distance sont les championnats du monde : La Yukon Quest et l’Iditarod.  Je vais participer à l’Iditarod en 2017 avec un objectif ambitieux mais très réaliste au vu de ce que mes chiens ont été capables de faire sur les cinq derniers jours de la Yukon Quest : Être devant avec les meilleurs parmi les meilleurs.

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