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Le Manoir des sacrifiées

Quand la fascination pour l’histoire de l’humanité tourne au délire meurtrier

Un crâne de Neandertal posé sur un meuble. Un homme prosterné devant lui, comme s’il priait. Son front est fracturé, un de ses yeux, arraché. Son épouse est introuvable ; les traces de lutte montrent qu’elle a sans doute été enlevée.

Jamais le commandant Grimm et son équipe n’auraient imaginé être confrontés à une mise en scène aussi macabre. D’autant que la scène se reproduit… et les jours passent, synonymes d’angoisse. Sans aucune piste. Aucun suspect.

Si les femmes enlevées ont été tuées, où sont les corps ? Si elles sont vivantes, où sont-elles retenues ? Grimm, déjà empêtré dans ses problèmes personnels, le sait : si son enquête continue à piétiner, un autre homme sera massacré et une autre femme disparaîtra.

Avec Le Manoir des sacrifiées, Olivier Merle nous entraîne sur les rives de la folie. S’appuyant sur ses connaissances scientifiques et son imagination vertigineuse, il est aujourd’hui une grande voix du thriller.

Interview de l’auteur

Le Manoir des sacrifiées, votre nouveau roman, est de nouveau un thriller dans lequel nous retrouvons le commandant Grimm de la PJ de Rennes. Est-ce à dire que ce genre littéraire vous séduit de plus en plus ?

C’est un genre qui permet de débrider totalement son imagination. Tout, absolument tout, est permis, ou presque. Quand j’écris un thriller, je ressens une liberté absolue, sans entrave d’aucune sorte, et le plaisir d’écriture en est grandement renforcé. J’ai écrit un certain nombre de romans historiques où la recherche de l’exactitude, pour ne pas trahir des événements qui se sont effectivement passés, est certes un travail intellectuel passionnant, mais qui contraint aussi à demeurer dans un cadre dont on ne peut pas sortir. Dans le thriller, on peut se « lâcher », et j’en profite…

Sans en dire trop ici, les meurtres rituels que vous mettez en scène ont un lien avec Néandertal. Comment vous est venue cette idée surprenante d’associer un criminel à la préhistoire ?

Très honnêtement, je ne sais pas. J’ai toujours été un passionné de préhistoire. Adolescent, je voulais devenir paléontologue. Finalement, les aléas de la vie m’ont amené à devenir géologue, mais j’ai conservé au fond de moi une insatiable curiosité sur les origines de notre espèce et une véritable fascination pour Néandertal. Sans doute, le désir de mêler une de mes passions à la construction d’une intrigue criminelle a stimulé mon imagination en ce sens. Mais comme les idées me viennent de manière chaotique et étalées dans le temps, je suis incapable d’en reconstituer le cheminement.

Un mot tout de même sur l’intrigue et cet énigmatique « manoir des sacrifiées » ?

Des hommes assassinés selon un rituel étrange et sanglant. Leurs épouses ont disparu. Voilà l’affaire à laquelle Grimm et son équipe sont confrontés. Bien vite, il apparaît que les victimes n’ont aucun lien entre elles. Pourquoi les épouses ont-elles été enlevées ? Où sont-elles détenues ? Le profil du tueur qui émerge peu à peu dessine une psychologie délirante et effrayante. À quel odieux sacrifice ces femmes sont-elles destinées ? Une course de vitesse s’engage entre Grimm et le psychopathe pour les sauver. N’en disons pas plus pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur…

À travers cette affaire glaçante, on apprend à mieux connaître le capitaine Grimm, ses failles, ses peurs, ses impatiences. Pouvez-vous nous le présenter ?

Grimm est cérébral et torturé. Quand il doit résoudre une affaire criminelle, celle-ci le tourmente sans relâche. Il s’accroche à l’énigme comme un obsessionnel, la retournant en tous sens, inlassablement, et son être est entièrement accaparé par sa résolution. C’est même le dérivatif qui lui permet d’échapper à la dépression qui n’est jamais loin. Il est clairement inadapté au monde qui l’entoure, incapable de suivre les chemins balisés par la société, empruntant des sentiers malaisés et, pour cette raison, il est parfois difficile à cerner par son entourage. En même temps, il est d’une grande humanité.

Ses équipiers sont également hauts en couleur…

Une femme et deux hommes. Je les ai choisis aussi dissemblables que possible. Ils jouent un rôle important pour maintenir Grimm dans les cordes. Dans ce roman, Ermeline prend une direction inattendue dans sa vie sentimentale. Je n’en dirai pas plus. Corentin est un pince-sans-rire d’une lucidité extrême. Quant à Éric – inspiré d’une connaissance qui en possède le physique et le caractère –, plus flegmatique que lui, je ne crois pas que ce soit possible.

L’enquête se déroule entre la Bretagne et Montpellier. Avez-vous des liens avec ces deux régions ?

Je suis né en Bretagne. Ma vie professionnelle m’en a éloigné (depuis 1995), mais j’y ai de la famille et je retourne m’y ressourcer dès que je prends des vacances. C’est la région de France que je connais le mieux. Avec l’Auvergne où je vis. Si Montpellier est une ville que je connais peu, sa région m’est très familière. Mon beau-père y vivait et j’y ai effectué un nombre incalculable de missions de terrain de géologie depuis mon installation en Auvergne.

Les procédures judiciaires sont très précises. Comment avez-vous mené vos recherches pour être si réaliste ?

C’est le propre des ignorants consciencieux que de chercher à ne pas faire d’erreurs dans un domaine éloigné du leur. Pour ce roman, j’ai reçu l’aide d’un ami magistrat qui m’a renseigné sur les procédures complexes qui unissent le milieu judiciaire et policier. Je lui en suis très reconnaissant.

Dans votre roman, vous levez légèrement le voile sur un autre pan de la vie de Grimm qui, cette fois, nous entraînerait dans une ville de l’Est de la France. En saurons-nous bientôt plus ? Autrement dit, Grimm sera-t-il de retour dans votre prochain livre ?

Oui, effectivement, une ville de l’Est, en Alsace… Je crois que le moment approche de lever le voile sur Grimm et sur ce qu’il dissimule. Car il nous cache trop de choses pour qu’on ne devine pas derrière ses silences une souffrance indicible. Faites-moi confiance, je vais l’obliger à retourner sur  des chemins épouvantables qu’il préférerait oublier. Je vais le malmener !

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