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Le Procès de la momie

Quand une mystérieuse momie de la Vallée des Rois disparaît dans les brouillards de la Tamise…

Un grand roman policier de Christian Jacq

Londres, 1821. Un événement extraordinaire ameute le Tout-Londres aristocratique : de retour d’Égypte, l’aventurier Giovanni Belzoni organise la première exposition consacrée à l’art égyptien et s’apprête à enlever, en public, les bandelettes d’une surprenante momie. L’assistance retient son souffle : le corps est si parfait, si bien conservé, qu’il paraît vivant…

L’étonnant spectacle fait scandale : un pasteur hystérique exige la destruction de cette relique païenne, un vieux lord veut la livrer en pâture à ses chiens, un médecin-légiste souhaite garder le corps pour étudier ce phénomène fascinant.

Mais la nuit suivante, la momie disparaît… Et le pasteur, le lord et le légiste sont assassinés !

Le meilleur policier du royaume, l’inspecteur Higgins, est saisi de l’enquête. Pour lui, le suspect privilégié n’est autre que… la momie elle-même ! Il est également convaincu que le complot révolutionnaire qui agite les quartiers miséreux de Londres et la disparition de la momie sont étroitement liés.

Aidé par une ravissante avocate, lady Suzanna, l’inspecteur Higgins réussira-t-il à résoudre l’énigme, avant l’inévitable procès de la momie ?

Interview de l’auteur

Dans votre nouveau roman, Le Procès de la momie, vous effectuez un changement de décor radical : pour la première fois, votre intrigue ne se déroule pas en Égypte, mais à Londres. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?

Le responsable de ce choix est l’un des personnages du roman, l’aventurier-archéologue Belzoni. Alors que je voulais raconter ce qui s’était passé à la veille de la réouverture du grand livre de l’Égypte ancienne, fermé depuis plus de treize siècles, j’ai remarqué que l’exposition organisée à Londres par Belzoni en 1821 fut une étape décisive. Pour la première fois, le grand public de la capitale économique du monde occidental découvrait l’art égyptien en voyant de près des œuvres issues d’une civilisation lointaine, jusque-là réservée à des voyageurs intrépides.

Belzoni ayant choisi le Londres de 1820 pour ressusciter l’Égypte, j’ai été amené à scruter ce monde bouillonnant où, au cœur de la révolution industrielle, les momies allaient devenir des vedettes.

Vous décrivez d’ailleurs avec brio le Londres fourmillant du début du XIXe siècle, les quartiers populaires au bord de l’explosion sociale, les cercles aristocratiques en pleine effervescence intellectuelle… Que s’est-il passé à cette époque ?

Cette période m’est apparue aussi intéressante qu’inquiétante, et non sans correspondance avec la nôtre. En Angleterre, un monde disparaît, celui de la paysannerie ; un autre s’impose, celui du progrès, de l’industrie, de la technologie. Londres est le centre de l’univers économique et la capitale d’un empire voué au commerce. Le matérialisme triomphe, entraînant de profondes convulsions sociales. Les riches s’enivrent de modernisme, les pauvres de l’East End connaissent des conditions d’existence très dures. Une explosion semble inévitable, même si les autorités, voulant éviter le désastre de la Révolution française, essaient de trouver des solutions.

Parmi les multiples aventures intellectuelles de cette époque charnière, il y a la recherche de la clé de lecture des hiéroglyphes dont l’issue était capitale : pouvoir lire des milliers de textes et faire revivre la civilisation pharaonique. Et l’on verra que le déchiffrement jouera un rôle décisif pendant le procès de la momie.

L’histoire est donc étroitement liée à la civilisation des pharaons. Cette première exposition consacrée à l’art pharaonique est dédiée à la tombe de Séthi Ier. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce grand pharaon ?

Séthi Ier (1291-1278) est le père de Ramsès II et s’affirma comme un grand bâtisseur, rendant l’Égypte riche et puissante. Il créa l’immense salle hypostyle du temple de Karnak, un « temple des millions d’années » à Gourna (rive ouest de Thèbes) et l’extraordinaire temple d’Abydos où sont révélés les mystères d’Osiris et le rituel du culte divin journalier. Sa tombe de la Vallée des Rois, aujourd’hui fermée, est la plus vaste et la plus richement décorée. Sur ses parois sont dévoilés les « livres funéraires royaux » dont les textes permettent à l’âme du pharaon, identifiée au soleil, de vaincre les ténèbres et de renaître.

Lorsque l’on contemple, au musée du Caire, le visage de sa momie, on a le sentiment de se trouver devant un monarque d’exception, alliant rigueur, profondeur et sérénité.

Comment ce magnifique tombeau a-t-il été découvert ?

Le 18 octobre 1817, Belzoni fit la plus grande découverte de sa carrière d’explorateur. Il entendit des rumeurs selon lesquelles il restait des tombes inviolées, remplies de trésors dans la Vallée des Rois. Aidé d’une vingtaine d’ouvriers, il se fia à l’examen des lieux et à son instinct.

Résultats remarquables : Belzoni trouve les tombes de Ramsès Ier et de Séthi Ier, des momies, des statues, avant de s’attaquer à une ravine. A priori, et de l’avis général, un endroit sans intérêt. Et pourtant, c’est là que Belzoni dégage l’entrée d’un caveau hors du commun. Pillée et vidée de son mobilier funéraire, cette tombe est néanmoins stupéfiante en raison de sa longueur (plus de cent mètres), du nombre de ses salles, de son décor et de ses textes. Belzoni fit dessiner des scènes, et ce travail fut exposé à Londres. Le sarcophage en albâtre de Séthi Ier, « le plus magnifique morceau antique jamais reçu de l’Égypte en Europe », fut le clou de l’exposition.

C’est donc grâce à Belzoni que le monde occidental a pu voir le vrai visage des momies… Pouvez-vous nous raconter qui était ce singulier personnage ?

Giovanni Battista Belzoni naquit à Padoue en 1778. Après une vague formation d’ingénieur, il se rend en Angleterre pour y devenir Hercule de foire, capable de soulever une douzaine d’hommes. Surnommé le « Titan de Padoue », il épouse une Irlandaise, aventurière et déterminée. Belzoni décide de tenter sa chance en Égypte où il arrive le 9 juin 1815.

Il se tourne vers les antiquités, un terrain dangereux qu’exploitent des bandes armées, au service notamment des consuls de France et d’Angleterre. Grâce à son courage, voire à son inconscience, le Titan de Padoue parvient néanmoins à faire sa place. Et c’est lui qui, le 1er août 1817, pénètre à l’intérieur du temple nubien d’Abou Simbel, hélas vidé de ses trésors ; en octobre de la même année, il découvre plusieurs tombes dans la Vallée des Rois, dont celle de Séthi Ier. Et le 2 mars 1818, il trouve l’entrée de la pyramide de Khéphren, sur le plateau de Guizeh. Parmi d’autres exploits, on compte le transport d’un buste colossal de Ramsès II et d’un petit obélisque.

En septembre 1819, Belzoni rentre en Angleterre, y publie un livre relatant ses voyages et ses trouvailles, avec l’espoir d’obtenir notoriété et richesse. De plus, il organise, avec succès, la première grande exposition consacrée à l’art égyptien. Ni la fortune ni la reconnaissance ne seront au rendez-vous. Reparti pour l’Afrique, le bon géant mourra en 1823. Passionné, courageux, utopiste, amoureux de l’Égypte et de son art, Belzoni fut davantage un aventurier qu’un archéologue, mais son apport à la connaissance de la civilisation pharaonique est loin d’être négligeable. Personnage haut en couleur, il marque la fin d’une époque. Au moment même où il transportait à Paris les éléments de son exposition londonienne, Champollion annonçait qu’il pouvait enfin déchiffrer les hiéroglyphes.

Dans votre roman, l’on découvre en effet un Champollion encore inconnu, dont la contribution sera pourtant décisive. Que s’est-il passé exactement ?

Champollion l’Égyptien, fut mon premier grand succès et raconte l’unique voyage en Égypte (juillet 1828-décembre 1829) qu’effectua le déchiffreur pour vérifier sa méthode de lecture et contempler enfin le pays auquel il avait voué son existence. Dans Le Procès de la momie, je remets en scène Champollion avant sa grande découverte. Dès son adolescence, il n’eut qu’un idéal : parvenir à lire cette langue énigmatique, apparemment impénétrable. Il apprit quantité de langues, suivit de multiples pistes. Mais l’érudition ne suffisait pas. Et, le 14 septembre 1822, ce fut un véritable trait de voyance, une sorte d’illumination, qui permit à Champollion de trouver la solution. Il s’exclama : « Je tiens l’affaire ! » et s’évanouit. Son frère aîné et protecteur, Jacques-Joseph, vécut des heures d’angoisse craignant que son cadet ne sortît point de sa léthargie. Par bonheur, il se réveilla ! Pendant le peu de temps qui lui restait à vivre, Champollion écrivit plusieurs ouvrages, fondant ainsi l’égyptologie.

La période 1820-1822 voit donc la résurrection de l’Égypte ancienne. La fascination de l’Occident pour sa mère spirituelle ne cessera ensuite de s’amplifier.

Pour la première fois en 1821, Belzoni enlevait en public les bandelettes d’une momie. Cet événement a-t-il vraiment eu lieu ? Quel a été son impact, à l’époque ?

Belzoni a découvert plusieurs momies dans les tombes qu’il a explorées, et l’on sait avec certitude qu’il en a ramené au moins une à Londres. En Égypte, les pillards se hâtaient d’ôter les bandelettes pour s’emparer des bijoux et des amulettes. En Angleterre, le débandelettage devint un véritable spectacle que l’on justifia par une légitime curiosité scientifique. Le docteur Pettigrew est un personnage bien réel qui rassembla des centaines d’amateurs lors de ses séances publiques de débandelettage. La bonne société se pressait dans les amphithéâtres où le praticien disséquait ces très anciens cadavres afin de percer les secrets de la momification.

Pendant des siècles, les momies furent profanées, massacrées, exhibées, vendues et même mangées. On croyait que la poudre de momie guérissait quantité de maladies, et le roi François Ier en consommait. Le médecin Ambroise Paré fut le premier à dénoncer cette supercherie, mais les momies n’avaient pas fini de souffrir et, même au XXe siècle, des « savants », sous couvert de recherche scientifique, se comportèrent de manière inqualifiable.

Ce roman souligne le fait que les momies ne sont pas des objets, mais « les corps nobles » d’êtres devenus des Osiris, symbole et support de la vie ressuscitée triomphant de la mort. Aussi les momies doivent-elles être respectées et préservées.

Vous mêlez dans votre livre histoire égyptienne, histoire de l’Angleterre (à travers la menace qui pèse sur le trône, notamment) et intrigue policière. Quelle est la part d’écriture de l’historien et celle du romancier ? La première momie « débandelettée » en public a-t-elle vraiment été dérobée ?

L’histoire est un roman, le roman recrée l’histoire. Aux personnages historiques dont la trajectoire est décrite avec précision (Belzoni, son épouse, Young, Soan, etc.) s’ajoutent des personnages-synthèse, comme le conspirateur Littlewood qui regroupe plusieurs figures de l’époque. Quant à l’inspecteur Higgins, il a autant de réalité que Sherlock Holmes et Hercule Poirot.

Nombre de momies ont été volées, soit par des collectionneurs, soit par des « scientifiques », soit par des commerçants qui les transformaient en poudre faussement médicinale et même en papier. Personne ne sait ce qu’est devenue la momie ramenée d’Égypte par Belzoni. Personne, sauf l’inspecteur Higgins qui a promis de garder le secret.

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la presse en parle

« Un roman policier palpitant » France Dimanche
« Un polar passionnant et ludique » Télé 2 semaines
« Haletant thriller, servi par le style précis, incisif et admirablement illustré de l’ auteur » DNA

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