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Aux quatre vents

On dit que chaque famille a ses secrets. C’est encore plus vrai en temps de guerre…

1985, Sabran-sur-la-Lys. Un paisible petit village du nord de la France où tout le monde se connaît, depuis toujours. Un petit village où tout se sait. Et où, surtout, rien ne s’oublie.

Après avoir fait l’acquisition du château, un mystérieux personnage achète maison sur maison. De lui, on ne connaît que le nom : Clément de Clercq. Un matin, les villageois découvrent avec effroi que les portes et les fenêtres de toutes ces demeures ont été retirées. Les habitations sont ouvertes aux quatre vents, abandonnées, défigurées.

Bouleversée, une jeune femme, Léa, décide de tout faire pour sauver le village de son enfance. Il lui faudra alors fouiller dans les mémoires jusqu’à plonger au cœur d’un passé qu’aucun habitant n’a envie de revivre…

Aux quatre vents est l’histoire fascinante d’un homme qui, sans même en avoir conscience, se lance dans une quête éperdue d’identité. Car qui est-on quand on ignore d’où l’on vient ?

Interview de l’auteur

Votre nouveau roman, qui court sur deux périodes, la Seconde Guerre mondiale et les années 1980, nous parle d’un village dont les maisons se retrouvent « aux quatre vents », sans portes ni fenêtres. Comment vous est venue cette idée très romanesque ?

J’ai toujours été fascinée par les endroits désaffectés. Parfois, il arrive qu’on passe régulièrement devant ce genre de lieux – les fenêtres brisées, le lierre qui a envahi les murs, la peinture écaillée, les portails rongés par la rouille – et je ne sais pas comment on peut alors s’empêcher de se demander ce qui s’est passé pour que tout ait été ainsi brusquement laissé à l’abandon.
Il se trouve que cette fascination-là, que j’ai depuis toute petite, est par le plus grand des hasards entrée en collision avec la fascination de quelqu’un d’autre, quelqu’un que j’aime beaucoup et dont j’admire le travail : un illustrateur avec lequel j’ai déjà travaillé sur un album pour enfants. Il s’appelle Jack Koch. Un samedi de décembre 2019, au fil d’une conversation, il en vient à me confier en quelques phrases le scénario d’une histoire qu’il porte en lui depuis des années, mais qu’il n’écrira jamais, car il n’imagine pas prendre un jour la plume. Jack me parle de cet homme (qui n’était alors pas châtelain) qui décide de racheter des maisons au sein d’un village et d’en retirer toutes les portes et les fenêtres, transformant ainsi peu à peu un petit village de carte postale en village-fantôme où tout le monde se méfie de tout le monde.
Je me souviens de cet instant comme si c’était hier. Quand Jack m’a parlé, il s’est passé quelque chose en moi. J’ai vu les images, j’ai imaginé les scènes de désolation, et j’ai aussitôt eu l’intime conviction que cette histoire, qui me donnait déjà la chair de poule, devait exister.
C’est à partir de ce point de départ que j’ai commencé à imaginer et à écrire Aux quatre vents…

Vous êtes vous-même une amatrice d’Urbex – d’exploration urbaine. Racontez-nous…

Effectivement, l’exploration et la photographie de lieux désaffectés sont une passion. J’ai « visité » des châteaux, des hôtels, des hôpitaux, des sanatoriums, des prisons, des usines, des parcs d’attractions à l’abandon…
Dans cette passion, il y a d’abord le fait de me rendre dans des endroits où plus personne ne vit ou ne travaille : faire des recherches pour découvrir leur localisation précise, trouver le moyen (parfois compliqué !) pour y pénétrer, explorer des bâtiments où, parfois, tout a été laissé comme si les occupants avaient vidé les lieux d’un seul coup, sans prévenir. Il y a une atmosphère très particulière, qui inspire une sorte de respect mêlé de crainte ou de mélancolie.

Aux quatre vents est aussi un roman sur l’Occupation. Avez-vous toujours eu un intérêt pour ces années sombres de notre Histoire ?

En effet, j’ai l’habitude, l’instinct même, sans doute, d’écrire des histoires contemporaines, et c’est la première fois que je fais une incursion dans le passé pour situer une intrigue. J’ai fait des études d’histoire, et j’ai toujours été intéressée par la période de la Seconde Guerre mondiale et post-1945. En matière de littérature, j’aime particulièrement les romans sur cette période, qui parviennent à mêler personnages de pure fiction et faits historiques. Écrire un roman sur cette période (ou sur toute autre période historique, d’ailleurs), c’est avoir la liberté de la fiction grâce aux personnages qu’on invente, tout en étant contraint par une réalité très documentée… Un vrai défi, que j’ai adoré relever, car j’ai toujours aimé faire des recherches, enquêter, lire et voir des documentaires.

Comment vous êtes-vous documentée pour imaginer, avec autant de réalisme, le petit village de Sabran-sur-la-Lys ?

Le village de Sabran-sur-la-Lys est complètement inventé, même s’il pourrait évidemment être très précisément situé sur une carte de France, puisque je l’ai imaginé comme se trouvant dans la région de Saint-Omer. Je travaille de manière très visuelle, ce qui fait que j’ai réalisé un certain nombre d’esquisses (très moches, étant donné que le dessin n’est pas un de mes talents!) pour avoir le village bien en tête. En tout premier, j’ai évidemment dessiné le château qui est décrit à plusieurs reprises dans le roman. Et puis j’ai réalisé un plan du village, avec le nom des rues et ruelles, avec les maisons des personnages (que ce soit pendant l’Occupation ou en 1985), avec l’emplacement des commerces, de l’église, du cimetière, etc. J’aurais presque l’impression que Sabran-sur-la-Lys existe réellement, à présent !

Pouvez-vous nous dire un mot de la douce Léa et de Clément, deux personnages très opposés ?

Léa est une mère qui élève seule son fils de treize ans. Elle a grandi à Sabran-sur-la-Lys, puisqu’elle a été amenée au village pour y être cachée bébé après que ses parents ont été raflés. À la fin de la guerre, sa mère, rescapée du camp de Malines, est parvenue à la retrouver et s’est installée à Sabran. Léa vit donc depuis toujours auprès de sa mère biologique et de ses parents de cœur, le couple de fermiers qui l’a cachée durant plus de deux ans. Elle est donc très attachée à ce village, où beaucoup l’ont protégée, à leurs risques et périls. Cela explique sans peine que lorsque tout Sabran commence à être mystérieusement dépecé, elle décide de mener l’enquête et de se battre pour sauver l’endroit qui lui est si cher…
De l’autre côté, il y a Clément. Un homme qui a grandi au sein d’une famille aisée, en ignorant tout de ses véritables origines, de sa véritable histoire. Lorsqu’il apprend la vérité, lorsqu’il comprend que les parents qui l’ont élevé l’ont en réalité adopté, lorsqu’il sait enfin ce qui est arrivé à sa mère et à son père biologique pendant la guerre, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger. Se venger des habitants d’un village qui lui ont volé sa vie, son identité, son droit à une famille… Détruire, de la même façon que les autres l’ont détruit…
Tout oppose ces deux-là, sans doute. Et pourtant, ils ont beaucoup de choses à s’apporter…

C’est une histoire sombre mais qui laisse passer aussi de la lumière, de l’espoir… Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de votre roman ?

Tout ne s’achève pas dans le chagrin et la noirceur, c’est certain. C’est pour moi une fin qui correspond à la vraie vie : tout n’est pas tout noir ou tout blanc ; il n’y a pas d’un côté les « gentils » et de l’autre les «méchants»… Aux quatre vents, c’est l’histoire d’un homme qui veut se venger à tout prix, frapper aveuglément, et qui, d’une manière inattendue, va parvenir à évoluer et à comprendre que les choses ne sont pas si simples, si manichéennes qu’il voudrait le croire. Pas de happy end, mais, peut-être, un apaisement final, un lâcher-prise salvateur…
De ce roman, j’aimerais que l’on retienne l’idée qu’on ne connaît jamais totalement les autres. On croit tout savoir sur nos proches, tout connaître sur notre famille, nos origines, notre histoire. Et pourtant, il suffit d’interroger nos parents, nos grands-parents, nos arrière grands- parents, il suffit de les inviter à plonger dans leurs souvenirs, pour prendre conscience qu’en réalité, on ne sait rien. Ou si peu.

Pouvez-vous nous parler de vos projets à venir ?

Je viens d’achever un roman, cette fois à nouveau bien ancré dans notre époque, qui parle d’une mère et d’une fille qui ne sont jamais parvenues à s’entendre, à se connecter, à se comprendre… Et que la vie, d’une façon aussi brutale qu’imprévue, va forcer à se rapprocher. C’est une mère qui va devoir accepter que la fille qu’elle aurait voulu avoir n’existe pas, et inversement. Une fille qui va prendre conscience que la personne qui l’a élevée a fait ce qu’elle a pu, et inversement…

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la presse en parle

« Un roman captivant, qui raconte l’histoire d’un homme hanté par son passé, et qui, par vengeance personnelle, va ôter toutes les portes et fenêtres des maisons d’un même village, jusqu’à le transformer en un village fantôme, bousculant ses habitants. »
Virginie Carton, La Voix du Nord

 « Parfois très sombre, parfois lumineux, le roman invite à sortir du manichéisme. »
Hélène Harbonnier, La Voix du Nord

« Aux quatre vents est l’histoire fascinante d’un homme qui, sans même en avoir conscience, se lance dans une quête éperdue d’identité. »
Céline Ravaudet, La Gazette du Centre Morbihan

«  Aux quatre vents est une histoire magnifiquement racontée et sublimement écrite. (…) Sous sa plume délicate et sensible, l’auteure fouille dans les mémoires et nous plonge au cœur d’un passé que personne n’a envie de revivre. L’intrigue est captivante, pleine d’émotion mais aussi de cruauté et de haine. A lire aussi pour se souvenir. »
Cathy Brunet, Le 7 

les lecteurs en parlent

« Amélie Antoine m’émeut à chacune de ses histoires, qu’elles soient plus noires ou solaires, elles sont bouleversantes. Aux quatre vents raconte plus qu’une destinée, mais un pan de notre histoire et met en lumière des personnages à la fois héroïques et cruels, qui s’avèrent pourtant, pouvoir être les mêmes. (…) C’est un grand roman qui permet un ascenseur émotionnel formidable, une réflexion sur le droit d’être, la raison d’exister, le pouvoir de l’amour de l’autre. C’est un roman d’Amélie Antoine qui perturbe, égratigne, fait saigner, pleurer, panse et remet sur pied parce que l’être vivant a tellement de ressources en lui… c’est fou, c’est beau. »
Caroline Vallat, Libraire

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